[DOWNTON ABBEY] 104 : Episode four
Je peux vous dire que c’est très, très dur pour moi de ne pas torcher cette saison 1 en trois jours. C’est fou l’effet de cette petite série, quand même ! Deuxième visionnage et encore une fois, je ne marche pas, je cours.
Il faut dire que ça fonctionne à merveille. On continue à se pencher sur le problème de l’héritage et dans le même temps, on introduit tout doucement de nouveaux changements, on suit l’évolution sur le long terme. C’est très facile de ce faire puisque nous sommes déjà en mai 1913. Cela fait maintenant plusieurs mois que Matthew et Isobel Crawley vivent à Downton et chacun commence à trouver sa place. Ce ne se fait évidemment pas sans mal, mais c’est captivant de voir certains évoluer, grandir… en se ramassant un peu la gueule, par moments…
Tandis que d’autres s’enlisent irrémédiablement.
Dans cet épisode, c’est particulièrement flagrant lorsqu’on compare deux des filles de Lord Grantham, Mary, l’aînée, et Sybil, la benjamine. Edith étant, il faut bien le dire, complètement aux fraises, la pauvre gosse.
Mary, d’abord, qui pourrait hériter de l’argent et de la propriété si l’on trouvait un moyen de séparer les ronds du titre. Mais cela, Mary n’y croit plus. Son seul moyen de se trouver une situation est donc de se dégoter un mariage potable. Pour elle, le changement n’arrivera jamais assez vite. Un jour, elle aurait pu hériter de tout ce que possèdent ses parents. Mais elle est née fille au crépuscule du 19ème siècle. Trop tôt.
Je l’ai déjà dit, j’aime infiniment Mary, sans doute pour son mauvais caractère (qui a tendance à me rappeler quelqu’un), son opiniâtreté et aussi sa vulnérabilité, son manque d’assurance qu’elle s’escrime à si bien planquer.
Par contre, le problème, c’est que quand elle a décidé que quelqu’un est un con, eh bien ce n’est pas facile de l’en faire bouger. D’où cet étonnement perpétuel qu’elle affiche en présence de cousin Matthew, genre purée, il a même pas l’air trop teubé, ce qui me fait assez marrer.
En revanche, sa lucidité sur sa condition de femme – cette même condition dont sa petite soeur va tenter de s’extraire -, est extraordinaire.
Mary : Women like me don’t have a life. We choose clothes and pay calls and work for charity and do the season, but really we’re stuck in a waiting room until we marry.
Il me sied que cette réplique, elle la sorte à Cousin Matthew. Car s’il est vrai que du côté de l’héritage, ça ne bouge guère en sa faveur, contre toute attente, elle s’est trouvé un allié en la personne du monstre marin.
(Andromède était une conne, elle se serait vachement plus marrée avec le Kraken. Persée ? Boring.)
Héritier qui en vient même à faire des recherches pour trouver le moyen légal de dissocier l’héritage du titre, ce qui bien entendu ne l’arrangerait pas du tout, lui ! (Un Lord sans terre ? Ou avec terre mais sans pognon ? Pas gégé.)
Bref, c’est complètement le bordel. Il y aurait évidemment une solution pour remédier à ce foutoir. Une solution qui ne semble même plus si saugrenue tant par moments, la complicité entre Matthew et Mary devient évidente.
Mais voilà. Dites à Lady Mary d’épouser Matthew Crawley, elle ira batifoler avec un Turc. Dites à Lady Mary de porter du noir, elle portera du blanc. Lady Mary est bien trop éprise de liberté pour qu’on lui dicte quoi que ce soit et une fois de plus, elle a la lucidité et l’honnêteté de le reconnaître devant public. Malheureusement, cela lui vaut le plus souvent l’incompréhension et l’agacement de son entourage. A de rares et adorables exceptions près.
Anna : What about you ? What about your heart ?
Mary : Haven’t you heard ? I don’t have a heart. Everyone knows that.
Anna : Not me, my lady.
Marrant que Mary ait tout le soutien de Carson et Anna et si peu de sa propre famille.
En attendant, le pauvre Matthew, malgré le rapprochement, s’en prend fort logiquement plein la poire. Même si dorénavant, Mary lui file le mode d’emploi. (Ce qui est généralement plutôt bon signe.)
Mary : You should learn to forget what I say. I know I do.
Et pendant que la non-héritière a tendance à lutter contre les sentiments que semble lui inspirer tout doucement l’héritier, dans le même temps, l’héritier en question s’attache de plus en plus au domaine (à moins que ce ne soit une façon inconsciente d’espérer rafler le lot complet ?), et le paternel, lui, s’attache de plus à l’héritier. C’est dire si ça pourrait être simple !
Malheureusement, cela place une fois de plus la pauvre Mary dans une situation impossible. Observatrice et futée comme elle l’est, elle ne manque pas de remarquer que non seulement son père s’est trouvé un héritier… mais également un fils. Et cela lui devient tout doucement insupportable.
Même pour une dame capable de dominer ses émotions en public.
Bon, sa mère, elle est gentille, mais depuis le coup du Turc, effectivement, il y a des chances qu’elle considère un peu sa fille comme une traînée.
Ses conseils ne sont pas totalement dépourvus de sens mais en l’état actuel des choses, Mary ne peut que les prendre mal. Il faut quand même avouer que c’était un poil maladroit.
Cora : Don’t quarrel with Matthew. Because one day you may need him.
Mary : Oh I see. When I’ve ruined myself I must have a powerful protector to hide behind !
Ce qui nous amène à une conversation formidable et ô combien nécessaire entre le père et la fille. Je l’attendais avec impatience, cette scène, car depuis le début, tous deux semblent se parler par intermédiaires et il était plus que temps que Lord Grantham prenne tranquillement sa fille à part et lui explique comme il sait si bien le faire les raisons pour lesquelles il ne souhaite pas qu’elle hérite de l’argent de sa mère. Et qu’il lui dise aussi que ce n’est pas pour ça qu’il ne l’aime pas à la folie. (Même si c’est difficile pour un Anglais de le reconnaître, ce qu’il fait pourtant avec beaucoup de simplicité.)
J’ai absolument adoré la scène où ils arpentent tous les deux le domaine, avec la bicoque en ligne de mire. Et vous savez quoi ? Je suis une immense fan d' »Autant en emporte le vent ». Mais genre mon role-model c’est Scarlett O’Hara. (Ah bon ?) Eh bien Lady Mary devant Downton Abbey, c’est trop la jeune Scarlett devant Tara, avec Gerald O’Hara qui lui dit devant son mépris de la terre sacrée : « Allons, allons, tu n’es qu’une enfant. » J’en aurais chialé.
Robert : If I’d made my own fortune and bought Downton for myself it should be yours without question, but I did not. My fortune is the work of others who laboured to build a great dynasty. Do I have the right to destroy their work or impoverish that dynasty ? I am a custodian, my dear, not an owner. I must strive to be worthy of the task I’ve been set. If I could take Mama’s money out of the estates Downton would have to be sold to pay for it. Is that what you want ? To see Matthew a landless peer with a title, but no means to pay for it ?
Magnifique. Quelle esthétique de malade.
Et puis juste parce que…
Cette scène où il arrive alors qu’elles s’en vont et Mary se retourne, comme si elle sentait son regard peser sur elle, c’était énorme. (Voir dans ma poubelle.)
Et pendant que la pauvre Mary piétine, la benjamine, Lady Sybil, s’envole sans que personne ne s’en rende compte. Comme c’est pratique d’être la plus jeune : on n’attend rien de vous, il suffit d’être jolie, gentille et charmante avec tout le monde, d’être décorative en société… et le reste du temps, vous pouvez en profiter pour vous escrimer à faire de votre bonniche une secrétaire…
… et éventuellement, comme il vous reste encore environ vingt heures par jour de temps libre, parler politique avec le nouveau chauffeur qui est – comme par hasard – super mignon !
Alors là, franchement, Lord Grantham est très gentil et tout, mais il faut vraiment pas être net pour aller se chercher un chauffeur jeune, canon et brillant dans une baraque avec trois filles à marier ! M’enfin, mon ami, c’est pas possible, ça ! Je suis riche et père de trois nénettes, mais JAMAIS je les laisse approcher de ce genre de bombasse de gouttière, moi !
Ah, il cherche la merde ? Nul doute qu’il va la trouver !
Cet épisode voit donc arriver Tom Branson, le nouveau chauffeur de ces dames, socialiste pur et dur, qui demande à taxer des bouquins à beau-papa Lord Grantham et écrit même des petits pamphlets à ses heures perdues. Pamphlets qu’il s’empresse de faire lire à Sybil étant donné qu’il a ouï dire qu’elle était très engagée.
Dieu sait que je suis à fond pour Matthew et Mary, mais alors là, aussitôt que j’ai vu ces deux-là dans la voiture, mon petit coeur tout ramolli s’est une nouvelle fois mis à faire : « Shiiiiiiip ! »
Les fans de « Rome » dont je suis auront évidemment reconnu Allen Leech qui incarnait le pote Agrippa, ce qui fait une raison de plus de le trouver formidable ! Et à toutes fins utiles, il est sur Twitter, de même que Dan Stevens et Hugh Bonneville, entre autres. Comme toujours, je dis ça, je ne dis rien, mais bon, c’est toujours bien sympa d’avoir des nouvelles d’une série à travers ses principaux acteurs.
Adoncques, jusqu’à présent, il est fort possible que Lady Sybil ait réussi à enfumer tout son monde et à se faire passer pour une enfant douce et obéissante, le genre dont ses parents parlent en disant : « Oh, celle-là, elle ne nous fera jamais de difficultés. »
Grossière erreur, mes mignons.
Car s’il est vrai que Lady Sybil est un amour de jeune fille et qu’on lui donnerait le bon Dieu sans confession, eh bien ça ne l’empêche pas de frapper un très grand coup à la fin de cet épisode.
1913. Ambiance.
Ce qui est très intéressant, c’est de comparer ce qui se passe pour les filles Crawley avec les choix auxquels Mrs Hughes est confrontée, les choix qu’elle a faits, les choix qu’elle continue de faire, et l’impact que ceux-ci ont sur sa vie personnelle et professionnelle. Cette Mrs Hughes, gouvernante en chef de Downton, maîtresse des clés, qui règne sur le monde des domestiques d’une main de fer, eh bien en 1913, elle doit choisir entre faire carrière et se ranger. C’est à la fois assez rétro et hyper moderne, comme situation.
Cette même Mrs Hughes refusa donc autrefois d’épouser un prétendant on ne peut plus potable et de fonder une famille pour aller travailler dans une grande maison, s’est élevée d’échelon en échelon pour en arriver où elle est aujourd’hui. Et, malgré l’incrédulité générale, elle se retrouve face à un nouveau choix qui pourrait faire basculer sa vie.
O’Brien : If she’s got a boyfriend, I’m a giraffe !
Mais une fois de plus, elle refusera la la proposition et restera fidèle à Downton.
En dépit de l’assurance qui émane de toute sa personne, eh bien même une Mrs Hughes, ça finit par se poser des questions.
Carson : What would be the point of living if we did not let life change us ?
(Oh mon Dieu. Empêchez-moi de shipper ça aussi !!)
Voilà, cette phrase de Carson, prononcée discrètement, à l’écart de tous, c’est sans nul doute LA réplique de cet épisode. Bienheureux ceux qui embrassent cet inévitable changement et qui ne lui opposent pas une résistance inutile. Si tous ces braves gens savaient les changements qui les attendent dans les années qui viennent, tout cela leur paraîtrait bien dérisoire.
Oh, et à propos de ship…
Doux Jésus.
C’est infernal, cette série !
Inutile de préciser que Bates qui partait déjà très fort niveau capital sympathie explose tout dans cet épisode, notamment lorsqu’il flanque Thomas contre un mur.
Il faut dire que s’ennuyant sans doute ces derniers temps, le valet de pied number one n’a rien trouvé de plus drôle que de souffler Daisy sous le nez du petit William. (Qui a bien tort de soupirer après une truite pareille, mais bon, ça c’est une autre histoire.)
Ah, Mrs Patmore qui tente d’expliquer à Daisy que Thomas est gay, et l’autre qui n’entrave rien, c’était quand même fameux !
Mrs Patmore : He’s not a lady’s man !
Gggnneuh ?
Enfin, elle est tout de même bien charmante, la petite Daisy. Mais vraiment trop niaise et influençable. Que voulez-vous, il en faut toujours une, dans ce genre d’histoire !
Allez, to be continued. Mai 1913. L’échéance approche…
j’aime vraiment beaucoup le personnage de Sybil, fraiche, jeune, des idées pleins la tête et tout de même bien moins tete à claques que sa grande soeur.
Moins de pression, aussi ! 😉
Cela doit la changer, depuis ses jours de Super Sainte Nitouche dans Misfits !
Sinon, cela shippe à mort, quite indeed !
Fiou, j’ai eu du mal à l’oublier dans Misfits, au début, j’étais HYPER méfiante !
Voilà une série qui se regarde avec un plaisir non dissimulé !
Alors le château, je le connaissais de "Jeeve&Wooster". C’est les quartiers (d’été, d’hiver, je ne sais plus) de la l’affreuse tante de ce pauvre Wooster !
Sinon j’aime tous les personnages ! De Daisy à Cora, de Bates à Lord Grandham… j’ai peut-être un peu de mal avec Thomas ou Edith. Même la très mauvaise O’Brien passe bien. Elle est plus finaude que Thomas, qui est quand même très premier degré ! Daisy est vraiment tarte mais elle a l’avantage d’être… innocente 😀 (je crois qu’on peut le dire 😀 😀 😀 ).
Matthew, Bates et Anna forment mon trio de tête mais ils sont tellement bien servis par Cora, Mary, Carson, Robert, Hughues, la cuisto, Gwen, les deux Mamies (les deux présidentes de la fondation de l’hosto.). Dès qu’elles sont dans la même pièce, ces deux là, on a déjà le rictus prêt à devenir une immense banane ! 😀
Et plus que 2 épisodes… ça va vite !