A.P. de la normalité: Malcolm in the Middle
Dans les épisodes de Malcolm in the middle, il y a beaucoup d’humour, de vulgarité, de grotesque, et de politiquement incorrect. C’est avant tout une série irrévérencieuse et absurde, mais un vrai propos n’est jamais loin. Bien caché derrière les personnages excentriques, il y a une dénonciation sociétale ou une réflexion tendre sur les relations humaines. C’est le cas ici, où au milieu d’une fête d’école qui tourne à la farce, on entrevoit le débat intérieur de Malcolm.
Voilà que ses deux mondes se rencontrent: le monde de la pensée et de l’intellect, bien cantonné à sa classe de « Krelboynes », et sa famille, excellant dans le franc-parler grossier et la moquerie cruelle.
Les voilà donc, bien peu à leur place dans cette présentation d’exploits scientifiques, comme des poissons hors de l’eau. Mais c’est bien leur fils sur le podium, qu’ils ne connaissent qu’à travers le prisme partiel de son comportement à la maison. C’est cela, pour eux, le Malcolm « normal ».
Seulement voilà, dans cet environnement des Krelboynes, ce qui est « normal » c’est de demander à un gamin de multiplier des entre eux des numéros de carte bancaire.
Et déjà ça, ça perturbe un peu les parents. Ils sont en train de mesurer ce que signifie vraiment le fait d’avoir mis leur fils dans cette classe pour surdoués, et on voit au fil de la scène leurs visages s’affaisser à mesure que leur compréhension s’élargit.
Et c’est parti pour le concours de Krelboynes. Ici, pour identifier la hiérarchie qui gouverne le groupe, on ne passe pas par des activités « normales ». Pas de concours de qui pisse le plus loin, pas de bagarre pour déterminer le plus fort, pas de défis de drague pour connaître celui qui a le plus de succès avec les filles.
Non, rien de tout cela. Les Krelboynes identifient leur mâle alpha grâce à ce genre de défis:
Factor it!
Multiply by pi!
Cube it!
Natural log!
In base eight!
C’est le clou du spectacle. Dans le monde des Krelboynes, voilà un fort bon divertissement accompagné d’une certaine admiration pour le soliste virtuose. Voilà de quoi passer un très bon dimanche après-midi.
Chez les parents, l’angoisse s’installe. Si leur fils est parfaitement adapté au cadre de cette petite fête, il est en train de s’éloigner de ce qu’ils considèrent être un enfant « normal ». Admirez l’évolution de leur incompréhension au cours de la prestation de Malcolm, alors que les sourires derrière eux s’élargissent.
Pareil pour le grand frère, fort perplexe devant celui qui sort du schéma familial « normal ».
Seulement voilà, tant qu’ils sont à la fête, c’est Malcolm qui est « normal » aux yeux de tous, et eux qui ne sont pas adaptés aux circonstances. Ce décalage les empêche de réagir, et les oblige à assister impuissants à la levée du voile sur leur fils, dont ils n’avaient pas imaginé qu’il pût être aussi complexe.
Cette situation s’inverse dès que le groupe est réduit à la famille de Malcolm. Là, il devient l’élément « anormal », marginal, et excentrique. Ce qui permet à Dewey de nous gratifier d’une réplique exprimant parfaitement le tout nouveau sentiment d' »anormalité » de la famille vis-à-vis de Malcolm: « Is Malcolm a robot? »
Bonne question…
L’inquiétude et la gêne se lisent sur les visages… Comment garder au sein de notre groupe cet être étrange qui ne correspond pas à nos critères de reconnaissance mutuelle? ??ternelle question de l’appartenance à un groupe: faut-il se ressembler pour se reconnaître comme « normaux » les uns par rapport aux autres et ainsi accepter d’interagir?
Comme souvent, la solution nous viendra de l’être le moins analytique de la série: Reese. En traitant son frère aussi mal qu’il l’a toujours fait, il rétablit leur relation indépendamment des Krelboynes.
Reese: « Analyze what I had for lunch! »
Bon, c’est dégueu, mais en plus d’être drôle ça a le mérite de remettre les choses à leur place. Ne pas réduire Malcolm à ce qu’ils viennent de voir, accepter qu’il puisse avoir plusieurs comportements en fonction des circonstances, qu’il s’adapte à son environnement classe / maison; voilà qui leur permet de régler la question de l' »anormalité » apparente d’un membre de leur famille.
Pas si mal pour une série censée être juste drôle, incorrecte, et à destination d’un public fort jeune… Pas si mal… Et puis ça change des leçons de morale bien pesantes des autres séries pour enfants, ici le traitement est beaucoup plus subtil, enfin!
Je me rappelle d’un épisode en rapport avec la religion qui m’avait bien marqué. L’histoire tournait autour de Dewey mais pas moyen de me rappeler lequel …
Une vraie psychologue scolaire la Marge. Très fine analyse, cet épisode m’avait marqué aussi. Pauvre Malcolm, surtout qu’il a un peu honte d’être ce qu’il est (avec une famille pareille aussi…). C’est tout à fait comme Lisa Simpson, surtout quand elle dit à son père qu’ils sont trop différents et qu’avec le temps ils vont finir par s’éloigner l’un de l’autre, alors autant qu’ils en profitent maintenant tant qu’elle est enfant. Très triste.
"psychologue scolaire" arghhh!!! *s’écroule sur son tapis* 😉
Oui je suis bien d’accord avec le parallèle avec Lisa Simpson; dans les deux cas je trouve le thème très bien traité, avec humour mais sans nier la cruauté de la situation.
Oui, je sais bien que ce n’est pas ce genre là, toi c’est les sciences concrètes, les sciences exactes ton truc 😉
Mais quand même, ne te nions pas ces qualités de compréhension humaine. Tu dois faire une très bonne prof (tu m’apprendras dis ?)
j en profite pour feliciter mon dark side et mon pink side pour le boulot… ptain, vous dechirez, les filles, je sais pas si ca vaut le coup que je reprenne les renes en rentrant ! 😀
*rougit*
merci, mais le blog de la sorcière sans la sorcière, ce serait un peu dommage quand même !
pekA quand tu veux pour le coaching 🙂 , c’est très loin de ce qu’on imagine avant d’y être, mais l’apprentissage sur le terrain est de toute façon la meilleure solution dans ce boulot!
Merci Sorci, mais vivement que tu reviennes parce que ça prend un temps fou!! Mais comment arrives-tu à en pondre autant aussi souvent????
Pourquoi cette série ne sort pas en DVD ? C’est étrange. C’est encore une question de droits musicaux?
Je ne pense pas, je ne vois pas en quoi la musique leur poserait un problème financier dans cette série… un mystère de plus de la distribution!
Marge : ben je sais pas, ca vient tout seul… enfin, le plus souvent. Roh, pis tu sais bien au on est plusieurs. 😀
(Bon, j espere que tu t ennuies de moi, raclure ! Quand je pense a tout le mal qu on pourrait dire ensemble, ici, j en chialerais ! 😀 )