[Law & Order UK]102 : Unloved

3615 La Sorcière percute

Vous savez ce que c’est : rah, c’est irritant, mais où ai-je pu voir cette bobine ? Pas assez irritant, cependant, pour braver une grosse vague de flemme et ouvrir IMdB.
Et puis là, d’un coup, au détour d’une réplique biblique (« Oh ye of little faith »), voilà que je me souviens où j’ai vu la DI de la série. Dans Raisons et Sentiments. Et même qu’elle joue la méchante belle-soeur d’Emma Thompson et qu’elle est à dégueuler avec ses lévriers qui ressemblent à des rats.
Donc voilà. Du coup j’l’aime bien, cette dame ! Et j’aime sa manière d’engouffrer son hamburger, vibrant hommage à la série-mère amerloque. A la tienne, Oncle Sam !

A part ça… eh ben sapristi !
Je crois qu’on a compris qu’on était genre pas là pour rigoler !
Evidemment, le premier quart d’heure étant voué à la magnificence de Jamie Bamber, c’est pas super facile de se concentrer sur l’intrigue. Un gamin retrouvé mort dans la rue ? Ah ? Bon. Soit.
D’autant que Matt Devlin (argh, ça m’arrache la gueule d’écrire ce nom) ben il a un tout petit peu tendance à user de ses très modestes charmes pour arriver à faire cracher la pilule à quelque témouine un peu rétive.

Ouh, le sourire un peu canaille, genre personne ne me résiste, ça, c’est petit ! Mais ça marche, on voit pas comment ça pourrait ne pas marcher.

En fait, j’ai vraiment bien aimé la construction de cet épisode. Les personnages ont vite trouvé leur place, on a l’impression de déjà bien les connaître, et ce ne sont définitivement pas des robots. Enfin sauf erreur parce que dans d’autres séries, on a parfois eu des surprises.
Là, on voit tout de suite que le gentil petit flic propre sur lui dans sa petite chemise lavande, il souffre, face à cette affaire. Sous l’oeil affectueux de son coéquipier qui en a vu d’autres, qui sait, et qui se garde bien de faire tout commentaire. Ah, cette pudeur de gros bras qui pleurerait toutes les larmes de son corps si on lui assénait la moindre pichenette.

Donc il souffre, le minot, et on se dit roh… C’est bon, ça fait cinq ans qu’il fait ce boulot, il va pas larmoyer toutes les trois secondes quand faut annoncer à une pauv’ dame que son fils a été battu à mort dans la rue ? Hein ? Il va pas nous rejouer Cry-me-a-river-Lee ??? *sort les violons*

Forcément qu’il y a autre chose, sinon c’est pas drôle. Et moi de m’étonner. Ah bon ? On va aller un peu dans l’exploration des personnages ? D’ailleurs, je remarque que c’est moins sécos et indigeste que le pilote. Plus humain, beaucoup plus.
Une petite phrase, pas plus, un gros énervement, et voilà comment on explique la réaction de Johnny Belle-Gueule… on devine qu’il a eu sa part de gifles paternelles et de foyer où ça sent bon la crise familiale.
Se ressaisit rapidement, cela dit. Heureusement, parce que quand il ne tire pas la gueule, ben il est beau comme un soleil.

Ah, et pour l’anecdote, je trouve le légiste 100% pur porc à la fois répugnant et hilarant. On dirait qu’on est allé le débaucher à la charcuterie du coin !

Et lorsque Ronnie sort au gamin de 13 ans « We’re charging you with the murder of Daniel Jackson », j’ai manqué de m’évanouir !

Deuxième partie et limite on ne regarde plus la même série. Martha Jones et Miss Mercy Hartigan ne se sont jamais croisées dans Doctor Who, mais elle se rencontrent ici au tribunal.

Oh, et attention ! Monsieur le procureur est tout frétillant de voir débarquer son ex dont il va devoir contrer la défense. Eh ben mes amis, quel sourire.

(Oui, quel sourire. Hin hin.)

Cette deuxième partie, donc, je l’ai adorée. Et surtout grâce au procureur Steel qui est d’une classe complètement hallucinante face à cette dégoûtante affaire. Lui qui a renoncé à la défense parce qu’il ne supportait plus de faire acquitter des criminels, il serre les dents devant ce gamin de treize ans, martyr d’une mère qui le traite de monstre devant toute la cour, gamin battu, placé dans des familles d’accueil…

Et cela le révolte de voir ce petit criminel assis sur un bottin pleurer des larmes discrètes dans son box parce que sa maman le renie.

Pas étonnant sachant qu’elle a voulu tuer le Docteur avec sa sanglante famille, si je puis me permettre. Si, si.

J’ai trouvé ça très fort. D’autant qu’il faut bien qu’il fasse son boulot, Steel. Et son boulot, c’est d’envoyer le gamin derrière les barreaux. Ironie qui fait grincer des dents : c’est Miss Hartigan qui enfonce le clou en invoquant les gènes du mioche supposés faire de lui un tueur. Dès le début, cet argument pue du slip, un truc de malade. On ne dit juste pas ça devant un petit de treize ans qui ne comprend pas que ce n’est, justement, qu’un argument censé faire gagner du temps.
Le meurtrier en culottes courtes prend ça au pied de la lettre. Et résigné, se croyant un monstre au plus profond de lui, décide de plaider coupable et d’aller en prison.

La pauvre Miss Hartigan peut se bouffer les doigts.

Au lieu de défendre son client, elle l’a envoyé derrière les barreaux.
La visite de Steel, à la demande du gosse, est superbe de sobriété et apporte une toute petite lueur d’espoir. Même en taule, il y a moyen que le gamin s’en sorte.

On a envie d’y croire, mais bon. C’est quand même un peu mal barré. Surtout quand Steel se retourne pour jeter un dernier regard sur cette pauvre demi-portion, condamnée à passer des années en taule.

Brrrrr…

Ben dites donc. Moi, j’en suis restée soufflée. C’était fameux. Vraiment fameux.
J’ai aimé le débat de Steel, de Martha et de leur boss. Est-ce que le gamin a tué ? Oui. Est-ce qu’il est coupable ? Oui. Est-ce que justice a été rendue ? Oui. Et c’est tout. Malgré les circonstances atténuantes, malgré son âge, malgré le fait que l’envoyer en taule va probablement le rendre irrécupérable, il a massacré un autre gamin. En toute connaissance de cause. En étant conscient de son geste. Alors voilà.

Pfiou !