3 – Screwby
C’est reparti pour une heure de route à bord de véhicules confortables, aux amortisseurs sponsorisés par Bulltex, avec des soldats bien élevés et qui disent « flûte » au lieu de dire merde. Bien nourris, bien reposés, lavés, repassés, fleurant bon la Soupline et la fraîcheur de vivre. Et surtout, menés par des chefs qui savent ce qu’ils font. C’est-y pas le bonheur, ça ?
Oué, que dalle, en fait. Ok, le lever de soleil est ravissant dans le désert, mais ça, les Marines du premier bataillon de reconnaissance de la Navy, ils en ont un peu rien à taper.
Ils sont trop occupés, comme Brad Colbert, à faire l’état des lieux de tout ce qui ne marche pas. Genre le gros flingue qui est posté sur la petite tourelle, là, sur son Humvee et qui est tout enrayé parce que… surpriiiise ! Dans le désert, il y a du sable ! Et il faut lubrifier les armes ! Et avec le bon lubrifiant qui va bien sinon ça sert à rien ! Ce que Brad explique en son patois fort coloré à son supérieur direct, le mignonnet lieutenant Fick. (Dont on a toujours envie de bourrer les poches de carambars.)
Brad : The main weapon on your point vehicle is unreliable. Given the prevailing climatic conditions, using this lubricant is like trying to butt fuck a virgin underage Phuket whore with chalk.
Oké ! Merci pour l’image, chéri, je vais essayer de me l’enlever du cerveau avec un peu d’alcool à brûler.
Ah mais c’est qu’il n’y en a pas, de cette bonne camelote, alors il faudra faire sans. On parle quand même du véhicule de tête, hein. Qui doit traverser quatre villes ce jour même et probablement buter quelques « bad guys » pour ouvrir la route à tous les autres. Hum. Tout va bien.
Entre nous, c’est bien la peine de donner à ces braves garçons des formations à un million de dollars le gus si c’est pour les lâcher dans la pampa avec leur bite et leur couteau. Mais bon, ne cherchons pas de logique là-dedans. Finalement, le jeune Walt qui est perché là-haut récupère une boîte du précieux onguent qui va lui permettre de dégommer de l’arbi, c’est tout ce qui compte.
(Pareil, il est bougrement mimi, celui-là !)
Ca me rappelle que c’est aussi l’épisode où ces très intelligents messieurs décident d’abandonner un camion de ravitaillement bourré à bloc de bouffe et de munitions (dont du joli C4 qui fait boum) pour aller mener l’assaut sur un aérodrome, en espérant sans doute retrouver ledit camion au retour. Sans doute ont-ils pensé qu’un camion US, ça sait défendre tout seul ses petites affaires, comme dans Transformers.
Eh ben ce camion-là, de toute évidence, il ne fait pas partie de la famille d’Optimus Prime parce que quand ils reviennent, il n’en reste que les miettes. Moralité, on passe à un repas par jour pour des mecs qui dorment déjà une fois tous les 36 du mois et qui assurent le gros oeuvre. Hum hum.
Malgré ça, je ne sais pas pourquoi, mais on est contents de repartir avec eux quand le convoi reprend la route.
Même si c’est pour se manger des tirs amis et entendre Trombley gémir qu’il veut descendre un chien.
Même si c’est pour voir un village de civils se faire raser de près par des mecs qui visiblement n’entravent pas quand on leur dit qu’il n’y a que des femmes et des enfants là-dedans.
Ce qui m’amène à évoquer le cas d’un autre meneur d’hommes un peu juste-juste, Captain Craig Schwetje (déjà il a un nom qu’il faut prononcer avec une patate chaude dans la bouche), alias Encino Man. Lui, son cas me laisse perplexe. Je ne le sens pas chtarb’ comme Captain America, je le sens plutôt pas à sa place et compenser sa médiocrité par des actions excessives, mal calculées ou juste complètement incongrues qui lui attirent, forcément, le mépris de ses hommes. Et il est bien possible qu’il ait également le front un peu bas, le pauvre garçon. Et qu’il soit plutôt mal entouré. (La teigne qui l’accompagne partout, là, Casey-Kasem, lui est assez futé pour être un beau fumier.)
Bref, c’est un petit peu un incapable qui est le premier à vouloir tout faire péter pour se ramasser les médailles et qui n’est pas fichu de donner des coordonnées correctes pour un raid aérien. Ce qui fout le jeune Fick hors de lui, lui qui est pourtant si droit dans ses bottes.
L’ennui c’est que je ne le sens pas nocif, dans le fond. Bref, tout ça pour dire que je me sens toujours mal à l’aise quand il est question du commandant de Bravo, alors que le commandant d’Alpha, lui, je pourrais partir en vacances avec sans aucun souci ! D’ailleurs, quand il voit que ça pète, la première chose qu’il dit, c’est qu’il espère qu’il n’y a pas trop de pertes civiles. Brave Captain Patterson.
Entre deux, on se dégourdit les papattes en butant du fedayin dans un bled, ça fait l’occasion aux boys de jouer de la gâchette.
Et Reporter en a pour son fric, une fois de plus.
Voilà, donc ils sont bien tous butés, les fedayins-très-méchants (on nous apporte des gamins sur lesquels ils ont tiré, bad bad fedayins). Evidemment, on nous déballe Meesh qui s’empresse de traduire que oui, oui, tout le monde est très content d’avoir été libéré. Et comme décidément, c’est la fête à l’officier supérieur, voilà que Godfather, le grand patron, veut aller faire le Tarzan en chopant un aérodrome à la seule force des poignets de ses hommes et de leurs bagnoles bringuebalantes pour que le général soit bien content.
Et ce alors que Patt’ aurait pu récupérer des infos auprès des civils. Dégoûté, le Patt’. Bon pour aller jouer à la pétoire, le Patt’. Tout ce qu’on saura, c’est qu’ils sont contents d’être libérés.
Le meilleur, c’est encore qu’ils veulent (et essayons de ne pas rire trop fort de la touchante confiance et du génie stratégique des grands hommes qui dirigent l’armée la plus puissante du monde), donner aux anti-Saddam des petites loupiottes qu’ils vont placer là où se trouvent les bastions du parti Baath histoire que les Ricains puissent les démonter d’en haut.
Bien.
Génial.
Fabuleux.
Seulement… ils sont mignons, comme ça. Mais les mecs, là. Qui est-ce qui dit qu’ils sont pas en train de les enfumer comme des blaireaux et qu’ils ne vont pas placer ces petites loupiottes mignonnes dans… une école par exemple. Hein ?
Je rêve. Enfin non. Si je rêvais, ça ne me foutrais pas autant en colère.
Et je ne commence même pas à parler du nombre de fois où Bravo se fait allumer par des unités amies, hein. D’ailleurs, c’est comme ça qu’il y reste, le camion de ravitaillement. Pneu crevé par des tirs amis.
Heureusement, Ray est là et il me chante Tainted Love et il fait même taper dans les mains au sergent Colbert et faire « ohohohoh » à Trombley. J’adore. Un de mes passages préférés de la série.
Godfather fait son Tarzan, donc. Et envoie ses hommes prendre un aérodrome. C’est bien. J’aime beaucoup le personnage mais visiblement il a un peu de mal à faire la distinction entre reconnaissance et assaut.
Il ne faut surtout pas le lui faire remarquer parce qu’il se vexe. Et déclare la région « free fire zone ». Traduction : y a bon tirer sur Irakiens tant qu’on veut, ils sont tous déclarés hostiles.
(Vavavoum !)
Visiblement, la règle s’applique aussi aux chameaux parce que Trombley en profite pour faire un carnage.
Patterson, lui, qui est formidable, refuse de passer l’info. C’est quand même mieux de tirer sur des gens dont on est sûr qu’ils sont des méchants, non ?
Pas pour tout le monde, apparemment, puisque dans la foulée, Captain America nous fait un show d’enfer à vouloir dégommer les huttes des autochtones. C’est la fête du grand nawak, today.
On s’offre un petit moment de répit lors d’un des fameux dialogues de Brad et Ray, très en forme après cet exercice de force.
Brad : If they’d stick around and manned those we’d have been dead before we’ve even saw.
Ray : Dude… lighten up.
Brad : Then again the world wouldn’t have to deal with the prospect of you returning to your cretinous, daughter fucking, trailer park, red state shithole, and producing mutant, whiskey tango, scrotum faced, buck toothed, zit exploding progeny.
Le genre de réplique qu’on fait comme si on n’avait rien entendu la première fois que nos pures et chastes oreilles tombent dessus !
Bref, après ça, c’est un peu les vacances. Les gars peuvent enfin enlever leurs rangers pendant quelques minutes »(les malheureux doivent dormir avec, on préfère ne pas imaginer à quoi ressemblent leurs pieds au bout de quelques jours).
L’occasion pour Ray de saluer la performance de ses supérieurs qui ont laissé le camion de ravitaillos derrière.
Ray : I mean seriously, homes, why would our Iraqi brethren want 400 pounds of C-4, claymores and crates of M-16s ? I mean, it just doesn’t make any sense. Oh, wait ! You know, they could be using all that C-4 for, like, a giant 4th of July celebration. What do you think, Brad ?
Brad : I think it’s time for you to shut the fuck up.
A côté de ça, le sergent-major ne manque pas de brailler des insultes grosses comme lui à l’attention de Gabe, le gentil binoclard, qui a eu le malheur de paumer son casque en kevlar mal attaché à cause d’un putain de dos d’âne.
Gabe : I’m not the fucking retard who lost a whole supply truck.
(J’aime bien Gabe. )
En revanche, tout va très bien pour Trombley qui est certain d’avoir tué des méchants et pas seulement des chameaux, malgré les railleries de ses petits camarades.
Trombley : Look, I didn’t mean to shoot innocent camels, all right ? I’m sure I shot people.
En effet, gamin. Deux petits bergers hauts comme trois couilles à genoux qu’on leur apporte pour qu’ils les sauvent. Plus de mollet pour l’un, quatre balles dans le bide pour l’autre. Ambiance.
La tronche de Doc Bryan, immense sur ce coup-là tellement on voit qu’il en chialerait de constater que ce sont les siens qui ont tiré sur ces gosses. Rah, Doc Bryan, il pourrait tout casser, là.
Surtout quand son regard croise celui de la mère, d’une beauté de martyre à vous retourner les boyaux.
Toute cette scène vous laisse rincé. C’est super facile de céder au plaisir un peu coupable de voir des mecs tout défoncer dans des grosses bagnoles avec de gros flingues. Mais ça, ça vous ramène direct sur Terre.
Tout le monde sait à qui on doit ce carnage, d’ailleurs, sauf que c’est Brad, le supérieur, qui s’empresse d’endosser toute la responsabilité de l’affaire.
Brad : Don’t put this on Trombley, I’m responsible.
Le long regard qu’il échange avec la mère, brrrrr…
Et lui, il viendrait la voir, sa victime ?
Le pire, c’est que ça peut arriver, une balle perdue, et que ça arrive souvent. Mais là… non, là, c’est pas possible, c’est tout.
Et donc Godfather refuse l’évacuation. Parce que le gamin qui crève si on ne l’opère pas est supposé recevoir les mêmes soins qu’il aurait reçus selon les standards locaux. Peanuts, quoi. Donc tous les gars présents, Nate, Doc Bryan, Brad, portent le môme pour qu’il meure juste devant la tente du patron, histoire de voir s’il y a moyen qu’il arrête de faire celui à qui ça en touche une sans faire bouger l’autre.
Scène très forte, très intense, qui semble durer une éternité. Il en faut dans le slip pour aller jeter un petit moribond comme ça devant la tente du très respecté boss.
Après avoir râlé un bon coup, Godfather va quand même détacher une section d’Alpha pour escorter le gamin jusqu’au chirurgien le plus proche, ce qui est un risque énorme étant donné l’endroit où ils se trouvent.
Je n’aurais pas supporté qu’il refuse.
Voilà comment ces deux-là plus le petit Nate (double ration de Carambars) ont vraiment gagné de manière définitive toute ma sympathie.
Et j’ai haï Trombley qui se décharge sur Brad plus vite que la lumière. Et vous, ça va aller, chef ? Non parce que c’est vous qui m’avez ordonné de tirer, hein. Moi, dans deux ans, pfiou, je me casse de l’armée et je retourne jouer à la console.
Trombley : Sergeant, this is your carrier.
Nan, mais nan, tout ira bien. Tout.
Et ça ne vient à personne ou presque que c’est Godfather qui a ordonné « everybody hostile ». A part à Ray, bien sûr.
D’ailleurs, fameux tireur le jeune Trombley qui touche sa cible avec seulement deux salves, dans un véhicule en mouvement sur un chemin de terre. Un tueur né, ce gamin, comme le souligne Walt.
Ray : No shit, it’s ’cause he’s a psycho. At least he’s our psycho.
Pour finir, j’ai adoré la dernière scène. De nuit. Brad va retrouver Reporter qui creuse sa « tombe ».
(Et là mesdames, vous avez Eric le vampire.)
Il commence à vouloir lui expliquer ce qui s’est passé.
Brad : What happened today…
Et il s’arrête là. De toute façon à quoi bon ?
Il s’en va dans le noir, avec au loin les lueurs et les bruits des bombardements. J’ai trouvé ça sublime. Hyper plombant, mais magique, surréaliste.
Un épisode vraiment intense, au final. On commence à très bien cerner le fonctionnement de la hiérarchie. Et aussi le fait qu’il n’y a jamais de bon choix à faire, en temps de guerre, on tente juste de faire les moins mauvais, du moins quand on arrive encore à faire preuve d’un minimum de discernement. De toute évidence, quand on voit ce genre d’épisode, on se dit que ce n’est pas donné à tout le monde.
Deux passages dont je n’ai pas parlé m’ont aussi marquée. Celui où Brad confie à Nate qu’il croit en son commandement à lui, son supérieur direct, et bien peu en celui des autres. C’était super mignon. Et aussi le petit speech de fin du pote de Nate, Gunny, qui vient expliquer aux gars qu’ils ne sont pas là pour détruire le mode de vie des Irakiens et que tuer un chameau, c’est les priver d’un revenu important. C’était simple mais on se dit que dans une situation pareille, ils ont certainement vite fait d’oublier ce genre de menus détails. Et qu’un petit rappel, neutre mais ferme, est loin d’être superflu.
Ptain de monde de merde, quand même.
Très bel épisode en effet, le plus beau depuis le début. J’ai carrément arrêté de respirer pendant les scènes intenses (notamment avec la mère, d’une beauté hallucinante… Tous les cons qui faisait une blague grasse la seconde d’avant en ferment leurs gueules…), autant te dire que je frisais la syncope.
Notre Ikéa est beau, et bon, et droit, et drôle, et poignant. Je commence aussi tomber amoureuse du lieutenant "Carambar", plus humain tu trépasse. Et pour briller à côté du Saksgard (comment ça s’écrit ? je sais jamais), faut s’aligner tôt le matin. Tu n’as pas parlé de cette réplique divine entre les deux loulous, quand le deuxième dégote du lubrifiant pour le premier (je me rends compte en écrivant cette phrase l’énormité du subtext homo), avec la fameuse accroche "sans vouloir paraître gay, je vous embrasserai bien", mouarf mouarf.
J’en suis au 4e, donc il me semble bien que c’est dans le 3e, cette scène poignante débitée sur un ton anodin, du grand Ikéa tout triste et amer expliquant que son ex nana et son ex meilleur ami sont très heureux ensemble. Tout ça renforce encore la puissance tragique de ce personnage, le respect qu’on a pour lui. Même sans cheveux longs, sans sang partout ni débardeurs archi moulants, je crois qu’on tient là le plus beau rôle du Northman. Il est parfait ce mec, en fait !
Je me suis mise a regarder cette série sur les conseils de ton premiers post, et puis parce que grand viking blond, et puis parce que les films de guerre bien fait style Apocalypse Now ou Full Metal Jacket ont toute mon admiration. Je n’ai pas été déçue, c’est très bien filmé, très bien monté, avec des parti-pris (l’absence de musique, de manichéisme) qui me laissent conquise. Merci de les reviewver, des émotions comme celles que cette série provoque, c’est douloureux de les garder pour soi. Et pour me laisser vidée, déprimée, nauséeuse mais cependant folle d’admiration, tout ça de mon plein gré, faut vraiment que ça vaille le coup en ces temps de mélancolie.
J’avais déjà évoqué les « sans vouloir paraître gay » dans la première review et l’histoire de son ex-copine, je sais pas, je n’ai pas réussi à aborder ça, je pense que j’en reparlerai quand je me pencherai sur sa petite déprime à venir. Contente que ça te plaise, vraiment, je ne suis pas au bout de mes peines avec les reviews à venir. 😉
Waw?EUR? J’avais déjà vu cette série il y a près de 1 année. Mais là je suis scotchée comme tu nous fais revivre chaque instant, chaque réplique, ce qui, à la fin, nous donne l’envie de tout regarder encore et encore.
Personnellement « Iceman » n’est de loin pas mon préféré, Doc Bryan et le Lieutenant Fick le devançant de loin. Bien que je dois reconnaître que sa relation avec Ray me fait toujours bien rire?EUR? Et pleurer. Dès le premier épisode, on a qu’une impression?EUR? Que c’est un VIEUX COUPLE. Au début j’ai cru qu’il allait être un mec sans coeur, le marine-je-ressens-rien, mais il nous prouve qu’il a plus que du coeur. Doc est tellement humain et réaliste qu’on à presque envie de l’embrasser, pareille pour Fick.
Casey est un crétin profond?EUR? Mais le pire reste à venir de sa part. =@