105 : The hamburger postulate

C’est pas de chance, parce que si j’avais vu cet épisode au bon moment, de manière chronologique, j’aurais été nettement plus clémente avec Sheldon. Manque de bol, je ne l’avais pas sur mon biniou quand je suis partie dans le sud, j’ai donc enchaîné direct avec le sixième en me disant que bouah, dans une sitcom, on s’en fout de rater un épisode, et j’ai regardé cet épisode il y a quelques jours, en finissant la… hum… première saison. (Chuuuut, le répétez pas, je suis SUPER en retard !)

Ce fut une énorme erreur toute bouseuse et j’en suis pas très fière.

Parce que là, non seulement il y a coucherie (ce qui est supeeeeer important, merde, ça arrive quoi, trois ou quatre fois, dans la vie d’un geek?), mais aussi, il y a de menus détails sur l’enfance de la Flippante Chose, et si j’avais ouï ces détails plus tôt, eh bien je peux vous dire que nom d’un petit Sigmund à roulettes, ça aurait changé beaucoup de choses.

En plus, il se trouve que Sheldon, il est super adorable, dans cet épisode. Eh oui, vous lisez bien. Adorable. Troublé parce que son petit monde est mis sens dessus dessous par les galipettes de son colocataire, il cherche à comprendre, et surtout à adopter le comportement ad hoc. Et ça, c’est pas simple.
Heureusement, la Flippante/Adorable Chose est assistée dans sa quête par la voisine dont les connaissances quasi-encyclopédiques sur le sujet s’avèrent ici bien commodes. Et j’avoue que j’ai éclaté d’un rire ému quand il formule, tout tremblant, ses angoisses devant la cravate qui pend à la porte de la chambre de son petit dévergondé de coloc’.

Sheldon : I don’t know what the protocol is here. (Le… euh… protocole, donc.) Do I stay ? Do I leave ? Do I wait to greet them with a refreshing beverage ?

Et pourquoi pas leur éponger le front, aussi ???

C’est là que Leslie Winkle (dont je suis folle, ça tombe bien, elle est lesbienne… ah merde, pas moi) sort ZE réplique qui m’a fait m’esclaffer pendant environ 90 minutes : « Oh Leonard, you magnificent beast. »

Déjà, euh, oui, certes. Et quel ton convaincu et enthousiaste, avec ça !
Re-90 minutes de bidonnage en voyant la tronche des deux curieux qui sont toujours derrière la porte.

Ah, rien que pour ça, on voudrait bien que Leo chope un peu plus souvent !

Mais bon, avec tout ce sesque qui dégouline de cet épisode, j’en oublie LA réplique qui m’a fait percuter. Donc, face à la mystérieuse cravate, Penny, incrédule, dit à Sheldon :

Penny : Come on Sheldon, you went to college.

Et là, Sheldon lui répond :

Sheldon : I was eleven !

Ah ben voilà. Tout s’explique. Non mais pas besoin de chercher plus loin. Comment voulez-vous qu’à vingt et quelques années, ça donne un adulte épanoui ? On imagine bien la demi-portion avec son gros cartable déambuler dans des couloirs peuplés de géants s’écartant sur son passage. On imagine son statut de petit singe savant honni parce qu’il fout la branlée à des grands cons qui ont le double de son âge (ça m’est arrivé une fois, ça, et je peux vous dire que le grand con n’est pas tendre). Il a dû vivre dans son petit monde et dans ses petites équations pendant un grand moment, le Sheldon. Et avec ça, on imagine aussi le lycée qui a dû être super sympa. Il a pas dû aller voir sous les jupettes des pom-pom girls très souvent, pour sûr.

Bref, après cette réplique, j’ai fait pause pendant un long moment histoire de digérer l’info. Il me semble que c’est vaguement répété quelques épisodes plus tard à la va-vite, mais forcément, là, c’est beaucoup plus puissant, comme révélation… parce que C’EST une révélation. Jetée comme ça, l’air de rien, mais… waouh. Onze ans, quoi. Ptain, mais à onze ans, on joue encore aux playmobils !

Donc voilà, avec le recul et une longue conversation avec le Dark Side, la conclusion, c’est que BigBang, c’est drôle, oui, mais pas seulement. C’est riche, aussi, et c’est vrai, c’est pensé. Les personnages existent, il y a une logique derrière eux. Et ça raconte une vraie histoire. Il y a une évolution.
Par exemple, Sheldon qui passe quand même un petit coup de fil à Leonard pour lui dire qu’il a bien saisi le message, c’était trop mignon. Il fait des efforts, ça, c’est très louable. Il comprend pas, mais il essaye.

(N’empêche, ça me rappelle beaucoup Einstein qui était – comme on le sait – un génie, mais dont j’ai entendu dire qu’il était une parfait bille côté relations humaines. Effroyable, limite attardé. C’est, paraît-il, le cas de beaucoup de grands cerveaux à qui ils manquent parfois une petite case à côté, et c’est souvent à ce niveau-là que ça pèche.)

Et puis il y a aussi Leslie Winkle qui est une vraie psychopathe comme je les aime.

Sa manière de draguer Leonard m’a fait mourir de rire. Le coup du violon et des gros sous-entendus, c’était monstrueux. D’autant plus avec la petite figure inquiète de Leo en face.

Leslie : I admire your fingering.
Leonard : Thanks.
Leslie : Maybe sometime you can try that on my instrument.

Cela dit, si je range Sheldon du côté des névrosés inoffensifs, Leslie, elle, c’est une killeuse. Le coup de l’équation le lendemain matin, c’est clairement pas innocent. Et chez quelqu’un d’aussi conscient de son génie et d’aussi maniaque que Sheldon… forcément elle sait que ça va foutre le boxon. Et ça l’amuse beaucoup. Elle est manipulatrice comme pas deux, hilarante, mais assez flippante.

Hyène !

D’ailleurs, quand elle explose la banane congelée au moment où Leonard vient lui faire un câlin, comment dire ? Perso, je serais un mec, je me sauverais en courant !

Pour finir, il y a vraiment une belle alchimie entre Sara Gilbert et Johnny Galecki… on voit qu’ils ont plaisir à bosser ensemble, et moi aussi, ça me fait bien plaisir de les voir s’amuser comme ça.