A.P. du foot: Affaire de famille

Comment vous dites, du phoutebaule ? Mais qu’est-ce que c’est donc que cela ?

Alors ça, c’est une vraie surprise. Un film qui démarre au stade de foot, dont les personnages sont soit d’anciennes gloires du ballon rond, soit d’ultimes fans, et dans lequel passent une bonne douzaine d’artéfacts de notre sport national, ça ne pouvait se terminer que d’une seule manière: par un zapping sauvage et foudroyant. Parce que, voyez-vous, le foot, ça m’ennuie. Je sais, c’est mal, il faut pas dire ça, c’est le sport que tout le monde adore en Europe, on peut pas essayer une seule fois de regarder la télé sans tomber sur une diffusion de Sedan-Guingamp ou de deuxième division d’Angleterre, et puis il y a eu 98, et Zidane et tout et tout….
Soit. Mais, rien à faire, ça m’ennuie. Rien de tel pour déclencher un merveilleux sommeil réparateur que de m’installer devant Barcelone-Lyon. Et pourtant, je ne suis pas de ces femelles allergiques aux exploits sportifs. Que nenni! Donnez-moi du tennis, du foot US, de la natation, du ski, de la pelote basque, du rugby (of course), du plongeon, voire même du golf, et je peux rester complètement scotchée, des heures durant, haletant devant le suspense croissant inhérent aux compétitions sportives. J’ai même réussi à voir une bonne vingtaine de minutes de compétition de bras de fer avant de me lasser. Je vous jure. Mais le foot, rien. ??lectroencéphalogramme plat. Cerveau en veille. Intérêt flirtant avec le moins l’infini.
Et c’est dans ce contexte pourtant peu favorable que j’ai vu Affaire de famille. Et là, surprise, j’ai beaucoup aimé. Et non pas malgré les apartés footbalistiques, mais ces apartés ont participé au plaisir du visionnage! Quand je vous dis que c’est dingo.

Donc voilà quelques aspects du film liés au ballon rond, qui ont le mérite d’être fort visuels et propices à la capture d’écran:

D’abord, les fondamentaux: le match
On commence avec une entrée dans le stade de toute beauté, nous dévoilant pas à pas où on en train de nous emmener. Joli.

Ah. Donc ça, c’est pas le Camp Nou ni même le Vélodrome.

On a bien sûr droit à la vue sur LA tribune dont la commune peut être fière…

… à la cohue au bar à la mi-temps (hmm plein de gens serrés brrrr)…

… et au match lui-même: le coup d’envoi…

… le but assassin qui fait passer de ça…

…à ça (et là on se rend compte que l’on suit Grenoble-Dijon, mais ces gens veulent ma mort!! *glousse*)…

…l’Arbitre du Temps (j’adore, ça fait personnage d’une série de geek comme je les aime) accompagné du photographe de presse locale qui doit être troooop content de couvrir cet évènement majeur de sa localité…

… la déception des supporters…

… le tout retransmis sur France 3 Régions, bien sûr! *essuie des larmes de bonheur*

On en arrive ensuite aux personnages et à leurs spécificités footbalistiques:

On commence par les traditions: le défilé victorieux (et lumineux!) de l’équipe adverse dans les rues de la bourgade humiliée. C’est formidable

On passe à l’Antre de l’ancienne gloire du foot local. Il y a là vraiment tout pour me divertir et m’esclaffer à tout va. Attention, ça tache!

Dès que l’on entre dans la pièce, un élément sphérique nous agresse le nerf optique: un ballon géant posé sur un trépied. Et dédicacé, siouplé, le vrai cadeau de retraite des collègues dont nous rêvons tous pour illuminer nos vieux jours.

La panoplie complète de fanions, photos, maillots, et écharpes de tout poil (mais pourquoi ne lancent-ils pas une ligne fashion, bon sang de bonsoir!)

Il y a même des bouteilles de bières vides bien exposées! C’est exceptionnel!!

Et enfin, le summum de la culture de club, la chanson de supporter qui passe sur un bon vieux 45 tours.

Et alors là les enfants, vous allez pas y couper, parce que ça vaut vraiment le détour (je me demande même si c’est pas la vraie chanson des Verts, mais bon ma connaissance du sujet est un peu faiblarde…):
Dans les vestiaires avant de rentrer
Pour commencer à nous échauffer
Tous en ch? »ur nous chantons
On est les rois du ballooooon
Quand on arrive sur le terrain
On les entend frapper dans leurs mains
Avec eux nous chantons
Saint ??tienne sera champiooooooooon
Allez!
Qui c’est les plus forts évidemment c’est les Verts
On a un bon public et les meilleurs supporters
On va gagner
Ca c’est juré
Allez!

Nous avons aussi un supporter des Verts de Saint-Etienne, qui passe le film à nous exaspérer avec son pin’s perdu.

C’est un vrai fan en tous cas, puisqu’il profite d’une petite intrusion chez André Dussolier pour lui chouraver un énooooorme drapeau des Verts.

Reste qu’il y a une réelle intrigue, avec un objet du délit.
Et bien le voilà l’objet du délit, je vous le donne en mille: un sac de foot!

Oui oui, un sac de foot, pas juste de sport! On y lit « Dijon Football Club »…. énorme…
Dans tout ça, il reste que c’est notre seul et vrai fan de foot qui va résoudre l’intrigue. Comme il est le seul à être un supporter dans l’âme, il ne se détourne pas du gros ballon en plâtre, non, lui il est intrigué, intéressé par cet énorme artéfact plein de signatures de vrais joueurs. Et c’est comme ça qu’il trouve le butin! Ces gens ont vraiment le sens de l’humour, ça fait plaisir!

Enfin bon, c’était fort agréable, ce film improbable, décalé, et oscillant toujours entre la grande tendresse et l’ironie mordante envers les accros du foot. Une vrai petite surprise.

Je ne résiste pas par ailleurs à vous présenter Mort (prononcez Morte).

Que Miou-Miou s’échine à appeler Inspecteur Vivant. Mort Vivant donc. J’ai cru défaillir devant ce niveau inégalé de blagouze (ou blagounette si vous préférez). Parce que la blagouze voyez-vous, c’est un art. On peut pas blagouzer n’importe comment, il ne suffit pas de faire une blague un peu facile, lourdingue, ou pas drôle. Nan nan nan. La blagouze, c’est ça: un butin caché dans un ballon de foot géant et laid qui nous a incommodé la vue pendant tout le film; et un personnage à la mèche folle qui s’appelle Mort Vivant. Et ça, eh ben ça m’amuse. Bravo les blagouzeurs!