Discours de la méthode: je chasse donc je suis, partie 2 – la loi du plus fort
Nous retrouvons notre prédateur dans ce qui est donc censé être la phase finale de sa chasse: la curée.
La proie, piégée et acculée, sait que son sort est scellé. Il n’y a plus qu’à passer à la mise à mort et au dépeçage, rien que de très naturel et banal! Y’a du p’tit rouquin au déjeuner!! On croit le Reese vainqueur, enfin récompensé de ses heures de surveillance et de traque, et prêt à se sustenter.
Seulement, voilà, un autre animal entre dans la danse: le Granfraire.
Notre prédateur comprend tout de suite l’ampleur de son erreur. Voyez son visage, nul besoin de paroles pour ressentir son désespoir et son muet appel au secours. Le Granfraire, tel le lion arrivant sur le lieu d’un duel phacochère / babouin, redistribue complètement les forces en présence.
La situation bascule: le Reese, de prédateur, devient une proie facile pour un Granfraire à l’allonge redoutable.
Bizarrement, le Reese aussi possède son Granfraire personnel (je vous passe l’image, hein…) mais celui-ci n’intervient pas dans cette grande partie de chasse: pourquoi? Tout simplement parce que ce sens de la défense de groupe n’existe que dans des communautés régulièrement exposées aux prédateurs extérieurs. Le Krelboyne rouquin, sachant son espèce sous la constante menace du Reese, voyage toujours avec son clan, donc avec son Granfraire.
Le prédateur, lui, vit en solitaire, et ne peut compter que sur ses propres prouesses tactiques et techniques pour survivre. Et, comme chacun sait, le Reese est fort peu pourvu en matière de prouesses, ce qui explique sa faible représentation dans les populations prédatrices.
La dépouille du prédateur humilié est fièrement exposée au mur, témoignage des exploits de la troupe d’herbivores et de leur implication dans la survie de la communauté. Rien de tel que de faire partie des proies pour développer un bon sens de la collectivité!! Moralité: « si t’es le plus fort, t’as pas besoin des autres… jusqu’à ce que tu tombes sur encore plus fort! ». Donc, autant prendre ses précautions à l’avance et ne jamais s’exposer seul dans la savane.
(Oh, un slip bleu!!) Mais alors, où était l’erreur du Reese? Qu’est-ce qui a fait lamentablement foirer sa chasse? Où est l’inévitable moment de grande bêtise??
Oui, vous l’avez compris, c’est dès le départ. Lors de la dispersion du troupeau, le Reese fait une erreur fondamentale: il choisit la proie appartenant à un groupe suffisamment large et soudé pour disposer d’un Granfraire. Moralité 2: « si tu t’attaques à plus faible que toi, fais une étude préalable histoire de rester à l’écart de tout individu pouvant bénéficier d’un groupe de soutien ».
Donc voilà la petite enquête-l’air-de-rien-je-pose-une-p’tite-question par laquelle il eût fallu commencer:
Le Reese: « Do you have any brothers? »
Proie: « No »
Et voilà, l’erreur était d’ignorer AVANT la chasse qui était susceptible de ne bénéficier d’aucun secours. La proie idéale, ce n’est donc pas le petit rouquin, mais bien le binoclard à appareil dentaire…. CQFD
.. allez, une petite vengeance pour la route…
…. Episode illustrant parfaitement l’échelle sociale au sein de la savane sauvage qu’est une cour d’école. Tout en haut de l’échelle, les proies organisées en clan, en-dessous le prédateur de la classe d’au-dessus, et enfin, tout en bas de la chaine alimentaire, le binoclard fils unique.
Voilà, leçon terminée!
Il faut que tu publies, tu as mis la main sur un sujet de thèse.
Zêtes une sacrée bande de filles tout de même…
Merci pour la très intéressante leçon. Et je confirme l’utilité d’un "Granfraire"^^
Cette thèse a quand même une exception : celle où le Granfraire et le Reese sont un seul et même spécimen.
C’est rare mais ça arrive. En tout cas, tu as parfaitement décrit l’univers scolaire de premier cycle.
Sinon, il y a une ultime solution pour échapper au Reese : Courir vite.
Très bonne conclusion sur cette leçon de vie !