A.P. de la folie: The last king of Scotland

Tatataaaaa!!! *roulement de tambour*

Je le sais, vous avez passé des semaines (que dis-je, des mois!!), agenouillés devant votre connexion, la priant chaque jour de vous amener enfin un nouvel épisode de ma prose envoutante *toussotement discret*. Je le sais, vous avez hurlé votre douleur aux étoiles, à chaque déconvenue, constatant que rien de tel ne s’affichait. Je le sais, vous avez dépéri comme une plante verte en plein mois d’août, ruminant cet abandon dont vous êtes victime. Je le sais, car je vois tout cela grâce à mes super-pouvoirs!! (Woops, désolée, c’est la lecture des reviews de Supernatural qui me font partir en javel….).

Et voilà, vos prières ont été entendues! Vous êtes exaucés, je vous reviens enfin, et visiblement je déménage de la cafetière. Rien ne va plus, je suis partie en vrille depuis mon retour très temporaire à la civilisation (semaine de la fermeture oblige). Et ceci explique en grande partie mon choix d’aujourd’hui: un petit aperçu de la grande folie humaine, merci Mr Whitaker.

Bon, pour évacuer la question tout de suite, bien sûr ce film a de trop nombreux défauts. Des défauts de narration d’abord, trop hachée, manquant de liant et de fluidité. Des défauts dans les personnages ensuite, ce jeune médecin écossais, personnage principal, est stupide ou débile, au choix, et Scully en humanitaire qui sert à rien, bof bof bof. Des défauts de montage enfin, avec des sauts entre plans qui font franchement sursauter. Et des défauts dans la construction même du scénario, qui fait montre de trop peu de maîtrise et de beaucoup d’hésitations entre les différentes pistes qui pouvaient être explorées.

Jeune diplômé de médecine stupide et oisif aimant se jeter dans l’eau froide des lochs

Voilà la méthode de notre jeune médecin pour choisir son lieu d’installation: faire tourner la mappemonde les yeux fermés… Et tomber sur un pays dont il ne connait toujours pas la situation politique à son arrivée…. magnifique!!

Un écossais qui joue à un sport de ballon rond… hérésie!!

Credible or not crédible….. That’s the question!!

On oscille en permanence entre un aspect historique (par exemple le détournement du vol d’Air France finissant à l’aéroport d’Entebbe en 1976), une vision totalement romancée basée sur la relation fictive entre un jeune médecin et Idi Amin Dada, et une analyse psychologique du dictateur bien trop décousue pour qu’on arrive à en penser quoi que ce soit. Au moins trois axes narratifs, qui se phagocytent l’un l’autre plutôt que de participer chacun à l’éclairage de ces différents aspects. Des dizaines de pistes sont lancées, aucune n’aboutit vraiment: la mise au pouvoir d’Idi Amin Dada par les occidentaux, inquiets d’une socialisation du régime précédent, est effleurée mais on n’y revient jamais; la relation d’Amin avec ses proches (femmes et enfants) est développée pour n’offrir finalement qu’un rebondissement romanesque qui n’éclaire en rien la psychologie du dictateur; le fonctionnement du gouvernement ougandais et esquissé, mais à travers un seul ministre qui ne servira finalement que de rebondissement permettant la compréhension et la peur -enfin!!!- du personnage principal, ce très jeune médecin stupide et oisif. Ce qui est très peu crédible d’ailleurs, puisque c’est un écossais. And Scotland rules. Tous les adeptes de rugby le savent. (Et puis bon, tous ces ougandais qui parlent tout le temps en anglais entre eux, quand on sait le nombre de langues locales qui existent dans cette région, c’est un peu désolant. Mais c’est un détail. Heureusement que Forrest nous fait un magnifique accent d’Afrique centrale.)

Scotland rules!!!

Mais voilà, il y a Forest Whitaker. Dans le rôle d’un personnage historique particulièrement fascinant, le dictateur ougandais Idi Amin Dada. Et rien que ça, ça vaut les deux (ah ben non, trois) visionnages que j’en ai fait.C’te classe j’vous jure…..

Si l’étude de la psychologie du personnage reste très superficielle dans le film, Forest Whitaker offre tout de même une merveilleuse partition de la sociopathie, ne versant jamais dans l’extravagance burlesque, ni dans une caricature de fou furieux roulant des yeux. Il maintient son personnage dans une certaine bonhomie, toujours souriant, amusant les journalistes aux conférences de presse, et assurant tout le monde de son souci de leur bien-être. Et pourtant, il est glaçant, et ce dès sa première apparition. Entre les deux images ci-dessous, un dixième de seconde seulement s’écoule pendant son discours à la foule. La rapidité avec laquelle Forrest (oui on s’appelle par nos petits noms) change complètement d’expression, allant de la fureur toute guerrière à la bonhomie du bon pote du samedi soir, ça me fait des frissons tout partout.

Dès les premières images d’Amin, clairement, la réalisation devient plus soignée, la mise en scène est visiblement travaillée. On comprend très vite qu’ici, on veut filmer Forrest en Amin Dada, et puis le reste ma foi… c’est le second ordre. Le tout premier contact avec le personnage se fait en arrivant dans son dos, nous proposant son point de vue, lequel vous enivre avec une facilité inquiétante. Le spectateur, face à une foule toute acquise et en délire, est flatté bien autant qu’Amin.

Et voilà-t’y pas qu’il nous gratifie d’une danse tribale à la fin de son discours, terminant son intervention avec une note musicale, festive, dansante, mais dont le propos, bouclier et lance à l’appui, reste bien guerrier. Voilà ce que j’appelle de la bonne mise en perspective!

??videmment, notre génie de médecin écossais, lui, trouve ça super. Il doit se croire à Wembley, je sais pas…. c’est un peu triste, cette naïveté, à son âge, ou alors c’est mignon, j’arrive pas à vraiment savoir. (Vous remarquerez que Scully, elle, est beaucoup moins enthousiaste. On la lui fait pas, à Scully).

D’ailleurs, les soldats de faction restent fort concentrés, je vous rassure. Eux, visiblement, savent de quoi il est réellement question, et ont conscience de l’enjeu.

Bref, je ne veux vous en dévoiler plus sur l’intrigue, ce serait dommage, c’est quand même un film très agréable malgré les défauts cités plus haut, alors je vous mets quelques petites expressions de Forrest-qui-fait-peur. En gardant à l’esprit que toutes ces images sont dans le premier quart du film, c’est-à-dire avant qu’il fasse VRAIMENT peur!! Pour voir du Forrest-qui-fait-quand-même-trop-trop-peur-c’est-pas-cool, voyez le film….

Forrest veut faire croire qu’il a peur, mais en fait il fait peur

Forrest veut faire croire qu’il est surpris, mais en fait il fait quand même peur

Forrest veut faire une blague, mais en fait il fait peur

Forrest est un tout petit peu déçu, mais il fait surtout très peur

Forrest essaye d’inviter un pote à une soirée, eh ben on est toujours pas plus rassurés

Et puis, au-delà de la performance de Forrest, le berceau de l’humanité vous appelle pendant toute la projection. Nourrissez-vous des paysages qu’ont foulé les membres de la famille Agathon. J’ai dit!

Voilà, un paysage, ça doit ressembler à ça. Toujours.